vendredi 20 décembre 2013

Pourquoi il vous faut mettre un âne et un boeuf dans votre crèche...

C'est bien connu : les évangiles ne mentionnent pas la présence d'animaux dans l'étable de Bethléem. Pourtant, ce Noël, je vous suggère de placer un âne et un boeuf dans votre crèche. Explications.


Vous êtes-vous déjà demandé d'où vient cette [bête] idée de placer Jésus entre un boeuf et un âne ? S'agirait-il d'un relent de tradition païenne populaire ? Ou pire, d'un syncrétisme entre christianisme et hindouisme ? Que nenni. L'idée nous vient en fait de la Bible !

Dès les premiers siècles de l'ère chrétienne, des Pères de l'Eglise ont associé le récit de la nativité selon Luc 2, aux premières paroles du livre d'Esaïe : "L'Eternel dit : J'ai nourri des enfants, je les ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi. Le boeuf sait bien à qui il appartient, et l'âne reconnaît la mangeoire de son maître. Israël ne veut rien savoir, et mon peuple ne comprend pas." (Esaïe 1.2-3)


Ce rapprochement entre "la mangeoire de son maître" d'Esaïe et la "mangeoire du Seigneur Christ" de Luc est-il judicieux ? Il me semble que oui. Allez, faisons un peu d'exégèse [simplifiée je vous rassure !] :
  • L'auteur de l'évangile de Luc est clairement influencé par le livre du prophète Esaïe qu'il cite à plusieurs reprises. 
  • De plus, il le cite selon la traduction grecque dite de la Septante. Or, dans la Septante, le terme grec qui correspond à la "mangeoire" est le même que celui que Luc utilise trois fois pour décrire le "berceau" de Jésus (Luc 2.7, 12, 16). 
  • Il s'agit d'un terme peu employé dans la Bible en langue grecque. Le seul autre emploi du terme dans le Nouveau Testament se retrouve encore sous la plume de Luc qui reprend une parole de Jésus : "Est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache pas de la mangeoire son boeuf ou son âne, pour le mener boire?" (Luc 13.15).  
  • Enfin, dans l'expression "la mangeoire de son maître" (Esaïe 1.3 selon la Septante), le mot grec utilisé pour désigner le "maître" est le même mot utilisé ailleurs pour désigner le "Seigneur". C'est ce même mot qu'on retrouve en Luc 2.11 dans la bouche des anges pour décrire "Christ le Seigneur" dont le "signe" de reconnaissance est qu'il est "couché dans une mangeoire" (v. 12).
   Bref, il est tout à fait raisonnable de penser que l'Evangile de Luc fait le lien entre la naissance du Christ dans une "mangeoire" et le fait que le peuple de Dieu soit incapable de reconnaître son Seigneur ; à la différence du boeuf et de l'âne qui, eux, savent qui est le maître de la mangeoire. Et puis après tout, qui sont ceux qui vont venir "voir ce que le Seigneur leur a fait connaître" (Luc 2.15) ? Des gardiens de moutons, qui veillent pendant la nuit, alors que tout le monde dort ! Eux qui sont du métier savent bien que les brebis connaissent leur maître. Ils sont capables, eux, de voir leur Seigneur et Sauveur à travers un nouveau-né couché dans une mangeoire !

Ce Noël, pensez à mettre un boeuf et un âne à côté de Jésus dans votre crèche. Histoire de vous rappeler que ces animaux savent qui est leur maître. Histoire aussi de se rappeler que ce n'est pas si évident que cela de reconnaître son Seigneur dans la personne d'un nouveau-né couché dans une mangeoire... Il s'agit bien d'une grâce qui nous est faite, comme elle a été faite aux bergers. Bien des théologiens, savants, média ou dirigeants de l'époque sont passés à côté de l'événement. Bien de nos contemporains remplissent "leurs assiettes" pour les fêtes, en passant à côté de celui qui vient à leur rencontre... dans une mangeoire ! Que ce boeuf et cet âne nous conduisent à réaliser combien de fois nous avons oublié qui était notre maître ! 




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